Au domicile plus qu’ailleurs, les contraintes liées à la rédaction du certificat décès peuvent engendrer des situations traumatisantes pour les familles des patients. La réglementation impose que sa rédaction soit faite par un médecin en activité ou retraité si aucun médecin en activité n’a la possibilité de le faire.
Depuis le 7 décembre 2023, l’expérimentation de la signature des certificats de décès par les infirmier·es a été mise en place afin d’améliorer les délais de signature des certificats et faciliter la prise en charge par les services funéraires, préservant ainsi les familles d’une souffrance supplémentaire.
Steven MONTEMBAULT, infirmier chez Humensia, revient sur sa première expérience de signature de certificat de décès :
🔹Pour quelle(s) raison(s) vous êtes-vous porté volontaire ?
Cela s’est fait naturellement. D’abord c’est une avancée importante dans l’intérêt des familles, puis une chance d’évolution intéressante pour notre profession.
Les situations nombreuses de décès naturel dans le cadre de soins palliatifs au domicile témoignent de la nécessité de mettre en place cette expérimentation.
Nous sommes souvent au domicile, en première
ligne face au décès, avec parfois des situations
complexes à gérer.
Une famille, déjà en deuil d’avoir perdu un être proche, doit en plus faire face à l’attente du certificat afin d’autoriser la levée de corps par les pompes funèbres. Le week-end, les nuits, en période de vacances scolaires, les médecins traitants sont surchargés ou indisponibles pour effectuer cette mission.
En fonction des conditions climatiques l’été, j’ai
pu connaitre des situations où le corps est resté
48h avec 40°C en un appartement, faute de
médecin disponible.
Avant d’être chez Humensia, j’ai travaillé 5 ans, dans les services mobiles d’urgences et de Réanimation (SMUR), où nous devions intervenir en l’absence de médecin traitant. Ce qui a pour effet de mobiliser une équipe pour un soin et donc de rendre indisponible l’équipe pour une autre urgence vitale sur son secteur.
🔹Comment se passent les formations dans votre région ?
La formation permet à mon sens de connaître les bases afin de sécuriser notre pratique sur le terrain dans les limites de nos compétences. Très complète, la formation de l’ARS propose un format en e-learning très intéressant permettant de progresser à son rythme avec des cas cliniques concrets et réels, très proches de la réalité du terrain.
La formation est un bon équilibre entre
législation et cas concret.
J’ai appris à remplir un certificat de décès en respectant tous les aspects du document, en sachant l’importance de la bonne rédaction de ce document et en comprenant les conséquences en cas de mauvaise rédaction.
🔹Pourriez-vous décrire votre première expérience ?
Ma première expérience fut très intéressante ! J’étais d’astreinte de nuit à mon domicile. Nous avions une patiente en soins palliatifs, admise en HAD en urgence quelques jours avant, à la suite d’une dégradation de son état de santé. La famille, disposant du numéro d’astreinte, m’appelle vers 4h du matin pour me signaler l’arrêt de la respiration de la patiente. Je me déplace au domicile, la famille est présente autour d’elle. Je demande si je peux ausculter la patiente avant d’appliquer les éléments appris lors de la formation et de constater le décès. J’informe la famille du décès de leur proche ainsi que le médecin d’astreinte de l’HAD.
La famille souhaite la levée du corps le plus rapidement possible car ils ne sont pas à l’aise avec l’idée de garder le corps au domicile et contacte donc le médecin traitant, sans réponse.
J’informe la famille que j’ai la capacité de
rédiger le certificat, elle accepte avec
soulagement.
Le décès rentrant dans les critères de rédaction, je réalise le document pendant que la famille contacte les pompes funèbres, qui se déplacent dans l’heure. J’ai alors le temps d’expliquer un certain nombre de choses à la famille et de répondre à leurs questions.
🔹Quel est votre sentiment à l’issue de cette première expérience ?
Je retiendrai tout particulièrement de cette expérience le rapport avec la famille en deuil, parfois perdue dans les démarches et les étapes lors d’un décès.